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Comprendre les TPS en Blockchain [Guide Complet 2024]

Comprendre les TPS en Blockchain [Guide Complet 2024]
2024-12-0410 min
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Cet article s'appuie sur l'excellente analyse de @0xGoku, dont la perspicacité sur le sujet des TPS a inspiré une réflexion plus profonde sur nos certitudes dans l'écosystème blockchain.

Le grand malentendu des TPS : une histoire de confusion collective

Ah, les TPS (Transactions Par Seconde) ! Si vous gravitez dans l'univers blockchain depuis quelque temps, vous les avez forcément croisés. Ces fameux chiffres qui fusent de toutes parts, brandis comme des trophées par les projets émergents, utilisés comme arguments massues dans les débats enflammés sur Twitter. "Notre blockchain fait 100 000 TPS !", "Notre solution révolutionnaire est 1000 fois plus rapide que les autres !"... Vous connaissez la chanson.

Mais laissez-moi vous raconter une histoire. Une histoire qui commence avec Bitcoin, traverse les âges de l'innovation blockchain, et nous mène jusqu'à aujourd'hui, où nous devons sérieusement reconsidérer notre obsession pour ces chiffres qui, franchement, ne veulent plus dire grand-chose.

Retour aux sources : quand les TPS avaient du sens

Replongeons-nous un instant à l'époque de Bitcoin. Une époque plus simple, presque naïve avec le recul. À ce moment-là, comparer les TPS avait effectivement du sens. Pourquoi ? Parce que nous comparions des systèmes qui faisaient fondamentalement la même chose : transférer de la valeur d'un point A à un point B. C'était l'équivalent blockchain de comparer la vitesse de différentes voitures sur une même route droite.

Bitcoin, Litecoin, Bitcoin Cash... Chacun tentait d'optimiser essentiellement la même fonction basique. Les différences se résumaient à la taille des blocs, à leur fréquence, aux algorithmes de consensus. C'était une époque où la comparaison des TPS était pertinente, car elle reflétait réellement la capacité d'un réseau à accomplir sa mission principale.

La révolution Ethereum : quand tout a changé

Et puis Ethereum est arrivé, bouleversant complètement notre compréhension de ce qu'une blockchain pouvait faire. Nous sommes passés d'une simple calculatrice à un véritable ordinateur mondial programmable. Imaginez un instant : c'est comme si nous étions passés de la comparaison de simples voitures à la comparaison entre une voiture de ville, un tracteur agricole, et un avion cargo. Tous sont des véhicules, certes, mais leurs usages sont si différents que les comparer uniquement sur leur vitesse n'a plus aucun sens.

Cette révolution a introduit une complexité que les simples TPS ne peuvent plus capturer. Les transactions ne sont plus de simples transferts de valeur. Elles peuvent être des interactions complexes avec des smart contracts, des échanges sur des DEX, des votes de gouvernance, des mints de NFT, ou encore des opérations DeFi sophistiquées. Et pourtant, dans nos métriques TPS, toutes ces opérations sont comptées de la même manière, comme si elles étaient équivalentes.

Le marketing prend le dessus : la course aux chiffres

C'est là que le marketing s'est engouffré dans la brèche. Les projets blockchain ont commencé à brandir des chiffres de TPS toujours plus impressionnants, sans contexte, sans nuance. C'est devenu l'équivalent des "chevaux sous le capot" dans l'industrie automobile : un chiffre qui impressionne sur le papier, mais qui ne reflète que rarement la réalité d'usage.

Prenons un exemple typique : un nouveau projet arrive et annonce fièrement "Notre blockchain peut gérer 100 000 TPS !!!". Impressionnant, n'est-ce pas ? Mais creusons un peu :

  • Ces tests sont souvent effectués sur des machines ultra-optimisées
  • Dans un environnement de laboratoire parfaitement contrôlé
  • Avec des transactions simplifiées au maximum
  • Sans aucune charge réseau réelle
  • Et surtout... sur un testnet, loin des conditions réelles d'utilisation

La réalité ? Une fois en production, ces mêmes réseaux peinent souvent à maintenir ne serait-ce que 2 000 à 3 000 TPS... quand tout va bien.

Le jour où Kusama a changé les règles du jeu

Alors que le monde crypto continuait sa course effrénée aux TPS théoriques, quelque chose d'extraordinaire s'est produit ce lundi 2 décembre 2024. Kusama, le réseau canari de Polkadot souvent considéré comme son "terrain de jeu expérimental", a réalisé l'impensable : 82 171 TPS. Mais attendez, ce n'est pas juste un autre chiffre lancé au hasard.

Ce qui rend cet exploit absolument remarquable, c'est son contexte. Nous ne parlons pas ici d'un test en laboratoire, ni d'une démonstration sur un testnet aseptisé. Non, ces performances ont été atteintes sur le mainnet Kusama, avec de vrais enjeux économiques, de vrais validateurs, et de vraies transactions. Et le plus fascinant ? Tout cela n'utilisait que 15% de la capacité totale du réseau !

La véritable innovation : l'approche multi-cœurs de Polkadot

Pour comprendre pourquoi cet exploit est si significatif, plongeons dans l'architecture unique de l'écosystème Polkadot. Imaginez un instant votre ordinateur moderne. Il ne fonctionne plus avec un seul processeur puissant, mais avec plusieurs cœurs qui travaillent en parallèle. C'est exactement l'approche qu'a adoptée Polkadot.

Chaque parachain dans l'écosystème Polkadot agit comme un cœur indépendant, capable de traiter ses propres transactions. Avec :

  • 1500 TPS par cœur d'exécution
  • Un block time ultra-rapide de 0.5 secondes
  • Une finalité de 18 secondes
  • La capacité d'ajouter des parachains selon les besoins

C'est comme avoir un processeur qui peut indéfiniment ajouter des cœurs sans perdre en efficacité. Avec 100 cœurs, nous parlons d'un potentiel de 150 000 TPS, et ce n'est que le début.

Le grand événement : Spammening sur Kusama

Et voilà que nous arrivons à aujourd'hui, 4 décembre 2024, 17h. Kusama s'apprête à réécrire l'histoire avec son propre "Spammening". Ce n'est pas une simple tentative de record, c'est une démonstration publique de ce que la technologie blockchain peut réellement accomplir quand elle est correctement conçue.

Mais pourquoi est-ce si différent des autres "records" dont nous avons l'habitude d'entendre parler ?

  1. C'est du réel, pas du théorique :
    • Tests sur le mainnet Polkadot
    • Transactions réelles
    • Validation par la communauté
    • Résultats vérifiables en temps réel
  2. L'infrastructure est déjà en place :
    • Pas de configurations spéciales
    • Pas de machines surpuissantes
    • Pas d'environnement contrôlé
    • Juste le réseau tel qu'il existe
  3. La marge de progression est énorme :
    • Rappelons-nous Kusama : 15% de capacité pour 82 171 TPS
    • Polkadot vise les 100 000+ TPS
    • Et ce n'est qu'avec une fraction des parachains possibles

Au-delà des TPS : ce qui compte vraiment

Mais au fond, tout cela nous ramène à une question fondamentale : que devons-nous vraiment regarder lorsque nous évaluons une blockchain en 2024 ?

La finalité et la fiabilité

Il ne suffit pas d'être rapide, encore faut-il être fiable. La finalité des transactions - le moment où nous pouvons être absolument certains qu'une transaction est irréversible - est cruciale. Polkadot excelle ici avec sa finalité de 18 secondes, offrant un équilibre parfait entre vitesse et sécurité.

La décentralisation sous charge

À quoi bon avoir des performances impressionnantes si elles viennent au prix de la centralisation ? L'approche multi-cœurs de Polkadot permet de maintenir une véritable décentralisation même sous charge maximale. Chaque parachain conserve son indépendance tout en bénéficiant de la sécurité du réseau principal.

L'économie du système

Les performances ne doivent pas venir au prix de frais exorbitants. L'architecture de Polkadot permet une prévisibilité des coûts et une efficacité économique, même à grande échelle.

Le futur est déjà là

Ce que nous voyons aujourd'hui avec le Spammening n'est pas une simple démonstration technique. C'est la preuve que nous sommes entrés dans une nouvelle ère de la blockchain, où les performances ne sont plus théoriques mais bien réelles.

L'obsession des TPS marketing touche à sa fin. Place aux performances vérifiables, à la scalabilité réelle, et surtout, à l'utilité concrète pour les utilisateurs finaux.

Cette soirée du 4 décembre 2024 marquera peut-être le moment où nous avons collectivement arrêté de parler des TPS comme d'une métrique marketing, pour commencer à les voir comme ce qu'ils sont vraiment : un indicateur parmi tant d'autres dans l'écosystème complexe et fascinant des blockchains modernes.


Sources et références :

Dernière mise à jour : 4 décembre 2024, avant le Spammening

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