Suite à nos deux précédents articles sur le Spammening (comprendre les TPS en blockchain et l'événement historique du Spammening sur Kusama), Polkadot vient de publier son rapport officiel. Ce document technique confirme non seulement les performances exceptionnelles que nous avions couvertes, mais apporte également un éclairage nouveau sur les innovations techniques qui ont rendu cet exploit possible.
Des performances confirmées et détaillées
Le rapport officiel valide les chiffres que nous avions annoncés, tout en apportant des précisions importantes. Le réseau Kusama a non seulement atteint les 128 000 TPS annoncés, mais les mesures précises montrent un pic à 143 343 TPS. Le plus remarquable ? Ces performances blockchain ont été atteintes en n'utilisant que 23% de la capacité totale du réseau.
Comme nous l'avions souligné dans notre premier article sur la compréhension des TPS blockchain, ces chiffres sont d'autant plus impressionnants qu'ils ont été réalisés dans des conditions réelles, sur un réseau en production, avec plus de 1000 validateurs actifs et une véritable activité économique.
L'architecture qui change tout
Le rapport détaille l'infrastructure technique qui a permis ces performances. L'analogie que nous avions utilisée avec les processeurs multi-cœurs s'avère particulièrement pertinente. Le système de cores parallèles de Kusama/Polkadot fonctionne exactement comme nous l'avions décrit, avec chaque core agissant comme une unité de traitement indépendante mais coordonnée.
Shawn Tabrizi, que nous avions cité précédemment, l'explique parfaitement dans le rapport : "Imaginez un superordinateur avec plusieurs processeurs travaillant en synergie. C'est exactement ce que nous avons construit."
La stabilité sous pression
Un aspect que nous n'avions pas pu détailler dans nos précédents articles concerne la stabilité du réseau sous charge. Le rapport révèle des métriques impressionnantes :
- Temps de bloc moyen maintenu à 6,3 secondes
- Finalité stable à 16,5 secondes
- Distribution équilibrée de la charge entre les cores
Ces chiffres confirment notre analyse initiale : Polkadot ne fait pas que battre des records, il redéfinit ce qu'une blockchain peut accomplir en conditions réelles.
Une validation de notre analyse
Le rapport officiel valide également notre analyse sur l'importance de l'Asynchronous Backing. Cette innovation technique, que nous avions identifiée comme cruciale, s'est effectivement révélée déterminante dans l'obtention de ces performances. La séparation de la production et de la validation des blocs a permis d'atteindre des temps de bloc optimaux de 2 secondes sur certains cores.
Ces performances exceptionnelles reposent sur des innovations techniques complexes qu'il est important de comprendre pour saisir pleinement leur portée. C'est pourquoi nous vous proposons ci-dessous une explication détaillée des mécanismes qui ont rendu possible cette avancée majeure.
Pour mieux comprendre : L'architecture technique derrière le Spammening
Pour vraiment saisir l'importance des performances atteintes lors du Spammening, il est essentiel de comprendre deux innovations majeures qui ont rendu cela possible : l'Asynchronous Backing et l'Agile Coretime.
L'Asynchronous Backing expliqué simplement
Imaginez une chaîne de montage dans une usine. Dans l'ancien système (synchrone), chaque étape devait être terminée avant que la suivante ne puisse commencer. Avec l'Asynchronous Backing, c'est comme si plusieurs chaînes de montage fonctionnaient en parallèle :
- Avant : Un bloc devait être complètement validé avant de commencer le suivant (12 secondes entre chaque bloc)
- Maintenant : Plusieurs blocs peuvent être en cours de traitement simultanément (un bloc toutes les 6 secondes)
Les avantages concrets, détaillés dans le blog officiel, sont :
- Temps d'exécution multiplié par 4 (de 0,5 à 2 secondes)
- Débit doublé (blocs traités toutes les 6 secondes au lieu de 12)
- Capacité à traiter 8 fois plus de données par bloc
L'Agile Coretime : La flexibilité au service de la performance
L'Agile Coretime est comme un système de réservation intelligent pour les ressources du réseau. Il permet deux types d'utilisation :
- Bulk Coretime : Comme un abonnement de 28 jours
- Accès garanti aux ressources
- Possibilité de partager ou diviser son temps
- Option de renouvellement à prix plafonné
- On-Demand Coretime : Comme un système pay-per-use
- Paiement uniquement pour les ressources utilisées
- Flexibilité maximale
- Idéal pour les pics d'activité
Cette combinaison d'Asynchronous Backing et d'Agile Coretime explique pourquoi le Spammening a pu atteindre des performances aussi impressionnantes : le système peut non seulement traiter plus de transactions simultanément, mais il peut aussi allouer ses ressources de manière optimale selon les besoins.
Au-delà des TPS
Comme nous l'avions souligné dans notre article sur la compréhension des TPS, les performances brutes ne sont qu'une partie de l'équation. Le rapport confirme l'importance de la décentralisation et de la stabilité, démontrant que Polkadot réussit là où beaucoup échouent : maintenir ces qualités même sous charge extrême.
Conclusion
La publication de ce rapport officiel du Spammening vient valider nos analyses précédentes tout en apportant des détails techniques fascinants. Polkadot n'a pas simplement réalisé une démonstration technique impressionnante ; il a prouvé que notre vision de l'avenir de la blockchain, basée sur une architecture multi-cœurs véritablement décentralisée, est non seulement possible mais déjà en fonctionnement.
Les sceptiques qui doutaient de la réalité de ces performances ont maintenant leur réponse : non seulement les chiffres étaient réels, mais ils étaient même en-deçà des capacités véritables du réseau.
Cet article fait suite à nos précédentes analyses du Spammening sur Kusama et se base sur le rapport officiel publié par Polkadot.